"Ceux qui font des phrases ne sont pas des honnêtes gens" (Lao Tseu)
Publié le 30 Novembre 2007
J'étais en train de m'affairer à la préparation d'un délicieux chocolat chaud parfumé à la cannelle et à l'orange que je me promettais de savourer vautrée dans mon fauteuil en compagnie d'enfant n°2 quand la voix de Lao Tseu me tira de mes pensées gourmandes.
- Dis donc Khas, c'était qui ce monsieur hyperactif qui vient de parler à la télévision ?
Lao Tseu ne regarde jamais la télévision, ce qui lui permet entre autre de conserver une âme pure, d'échapper au matraquage publicitaire particulièrement intense en cette saison et aux incontournables de la vie quotidienne en France.
- Il me semble que notre Chef d'Etat devait prendre la parole à 20 heures 10, lui répondis-je tout en continuant à remuer ma mixture dont les effluves commençaient à se répandre dans la maison.
Je l'entendis s'agiter sur mon fauteuil en cuir et se gratter furieusement le derrière de l'oreille droite (Lao Tseu se gratte toujours le derrière de l'oreille droite quand elle réfléchit).
- Ce n'est pas toujours aux assises que sont jugées les personnes accusées d'avoir fait usage d'une arme contre une autre ?
J'acquiesçai sans relever la tête. La cuillère en bois fendait en tournant la robe lisse et veloutée du chocolat. Je sortis deux tasses en porcelaine anglaise et y versai le précieux breuvage odorant sans me presser, rien ne pressait.
- Toutes les personnes qui ont fait usage d'une arme contre n'im-porte-quelle- autre-personne? insista-t-elle en lorgnant le contenu de la tasse que je venais de poser près du fauteuil.
- Bien oui, c'est normal non ?
Avec mauvaise grâce, elle consentit à se pousser un peu pour me laisser m'installer à côté d'elle. Je lui rappelai que le fauteuil en cuir art-déco m'avait été offert pour mon anniversaire afin d'y couler des moments de repos bien mérités. Contre toute attente, elle fut prise d'un accès de fou-rire qui faillit la jeter à bas de son (mon ?) siège et que j'eus toutes les peines du monde à endiguer. Je l'interrogeai sur les motifs de cette inexplicable et soudaine hilarité.
- Ma pauvre Khas, me confia-t-elle entre deux hoquets, on voit bien que tu n'as pas bien écouté le monsieur hyperactif de la télévision : le repos maintenant, c'est juste bon pour les chiens !
Elle s'endormit aussi sec bien en boule sur mon ventre et se prit à rêver de chasseurs de lapins et de cour d'assises.