Mise à nu
Publié le 1 Août 2006
"Je t'aime", il a dit. Une mèche noire et épaisse barrait son front étroit. Ses yeux sombres erraient ailleurs, là où je n'étais pas. Son doigt tendu a fait glisser les bretelles de ma robe qui s'est répandue à mes pieds comme une flaque de moire chocolatée. Son doigt, toujours le même, a suivi la naissance de ma gorge, le creux de mes seins et s'est arrêté à la lisière de dentelle qui emboîtait le satin du bas-ventre. J'ai frissonné, de désir ou de dégoût, je ne sais.
"Allonge-toi", il a dit encore. J'ai obéi, machinalement. Il était toujours habillé ; rien ne semblait presser. Son doigt a poursuivi sa course aveugle sur mon corps. Parfois il s'attardait sur un repli de peau, repartait, y revenait. J'avais envie de hurler mais, "Tais-toi", il a dit. Alors, je me suis tue.
Le doigt s'est posé sur la lisière de dentelle. "Enlève-le", il a dit. J'ai relevé les jambes et je me suis débarrassée de mon ultime rempart de dentelle dérisoire. Il m'a contemplée, longtemps, sans me voir je crois. Alors, pointant ma faute de son index, "Qu'est-ce que c'est?", il a dit.
"Juste mon cœur qui bat"
"Je ne comprends pas, je ne comprends pas", il a dit.